31 juillet, 2006

Mes 18 ans

Souvent j'entends la phrase suivante :
- Mais où sont mes vingt ans ?
Où alors un ancien qui dit à un jeune :
- Tu as vingt ans ; les plus belles années !
Mon année fêtiche à moi c'est l'année de mes 18 à 19 ans ! 3 mois avant mes 18 ans, fin juin, je pris la décision de ne plus poursuivre mes pseudo-études et cochais la case "vie active" en fin d'année scolaire. J'écrivis au Bureau du Service National pour devancer l'appel sous les drapeaux (car à cette époque, tous les Français de sexe masculin devaient 10 mois à la nation) et en attendant l'incorporation, le Maire de Bédarrides, André, me donna mon premier emploi de ma vie, Employé au service technique de la ville de Bédarrides en contrat CES, soit à mi-temps, emploi que j'ai occupé de juin à février. C'est au cours de cet été que j'ai fait la connaissance de Sophie, mon dieu qu'elle était belle, elle me fascinait. Je ressentais l'amour qu'elle me portait, ce fût sans doute le meilleur été de ma vie.
Le fait de devancer l'appel sous les drapeaux me donna le privilège de pouvoir demander à effectuer le Service National au sein de la Police Nationale. Ma demande fût acceptée après une batterie de tests pscychotechniques et une multitude d'entretien pscychologiques. L'instruction initiale se déroula à Fos/Mer à l'Ecole Nationale de Police. Je me rappelle le jour où j'ai pris le train en gare d'Avignon avec ma convocation à la main, j'avais peur, je me demandais à quelle sauce j'allais être dévoré dans le monde des adultes. En fin de compte, ce fût extrêmement facile pour moi de m'intégrer dans la section des 2o gars que nous formions, et au fur et à mesure de l'instruction j'espérais au plus profond de moi être envoyé à Paris pour les 8 mois de service à proprement parlé. Je me disais :
"Si tu vas à Paris, tu retrouveras Sophie, ma belle Sophie".
Sophie, elle avait un sourire de déesse, elle était blonde ce qui pourrait interpeler les personnes qui me connaissent car en général je suis plutôt attiré par les brunes. (Quoique pour moi, les qualités d'une personnes passent aucunement dans la couleur de ses cheveux). Je fût envoyé à Paris en avril et malgrè une multitude de lettres enflamées, Sophie ne voulut pas me voir et me fît savoir que tout était fini....Il fallait l'oublier.....Comment, impossible !!
Le Service National au sein de la Police Nationale fût une expérience extraordinaire et très riche pour moi. Pouvoir profiter de la Capitale, sans souci de logement, d'argent, de nourriture...La Capitale que pour les bons moments en fait, ce fût génial. Je ne peux pas compter combien de fois je suis allé au Louvre, à Versailles. Et puis j'ai rencontré une femme extraordinaire, Tanja, une Croate qui avait fuit la Guerre des Balcans et qui avait fait une halte à Paris avant de rejoindre Londres. On s'est aimés pendant les 8 mois où j'étais à Paris. Elle était plus âgée que moi, 29 ans, elle était belle, elle était dentiste en Yougoslavie, nounou en Angleterre, ses diplômes n'étant pas reconnus en Angleterre ni en France ! Puis vient la fin du Service National, Tanja refusa de venir avec moi en Provence car elle m'a dit un matin, "ma place est en Yougoslavie pour aider les populations qui n'ont plus rien".
Un matin, elle est repartie en pleine guerre...On s'est écrit notre amour pendant plus d'un an, puis lassé, je n'ai plus répondu à ses lettres, comme un lâche, comme un con aussi. Dans la dernière lettre que j'ai reçu de Tanja, elle me disait que j'étais le roi des imbéciles, qu'elle ne comprenais pas elle-même comment elle avait pu se tromper sur moi et qu'en fin de compte, elle était contente de ne pas m'avoir suivi. Je ne lui en ai pas voulu, elle avait raison ! J'espère qu'elle est heureuse aujourd'hui, j'espère qu'elle a survécu à la guerre.
Malgrès les deux ruptures en quelques sorte, je considère que j'ai vécu sans doute l'année la plus intense de ma jeunesse.
Aujourd'hui, 15 ans après, je suis marié avec une femme que j'aime, j'ai deux filles magnifiques, j'occupe un emploi que j'apprécie.....En somme, je n'ai pas à me plaindre !!! Mais si j'en suis là, c'est peut-être grâce à cette année intense (dont vous avez eu qu'un piètre résumé) qui m'a construit en homme...Un homme honnête aujourd'hui, enfin je crois, j'essaye de l'être au maximum, un homme qui ne triche pas avec les sentiments car cet homme-là sait aujourd'hui le mal intérieur que ça peut engendrer.
Putain, je me suis livré là !!

4 Comments:

Blogger Phoebe said...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

2:23 PM  
Blogger Phoebe said...

C'est bien de se livrer ... tu es humain, quoi ! :-)

2:23 PM  
Blogger Blanche said...

J'ai adoré lire ton message.
Ces souvenirs sont à toi, et quoiqu'il arrive dans ta vie, ils t'appartiendront toujours.
Et oui, tu es celui que tu es aujourd'hui parce que tu as vécu tout ça.

Putain, je suis lyrique, là!:))

Blanche

3:46 AM  
Blogger La Patachou said...

WOW, c'était super ce texte! Tu me fais réalisé encore plus qu'il faut que j'en profite maintenant. Je n'ai pas encore 30 ans, mais en ce moment j'ai envie de foncer dans la vie. C'est vrai que parfois, une année nous mènera au reste...

8:38 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home