Une Femme d'exception
Geneviève de Gaulle Anthonioz
Geneviève de Gaulle est née le 25 octobre 1920. Elle est la fille aînée de Germaine Gourdon et Xavier de Gaulle, lui-même frère aîné de Charles de Gaulle. Petite fille curieuse et intelligente, elle est élevée dans une famille catholique animée de valeurs humanistes et, à ce titre, très tôt opposée au nazisme. Sa petite enfance s’écoule dans la Sarre, où son père est ingénieur des Mines.
La jeune vie sans histoire de Geneviève est successivement brisée par deux drames : la mort de sa mère en 1925 puis celle de sa petite sœur en 1938. Pour surmonter sa douleur, Geneviève développe une force de caractère hors du commun.
C’est cette force qui l’incite à se dresser dès le 17 juin 1940 contre la défaite de la France, la collaboration et l’Occupation. Résistante de la première heure, en total accord avec son oncle Charles, elle multiplie les actions de renseignement et d’information, notamment au sein du réseau « Défense de la France ».
Arrêtée le 20 juillet 1943 lors d’un coup de filet, malmenée par les collaborateurs puis emprisonnée à Fresnes, Geneviève est déportée au camp de Ravensbrück le 2 février 1944. Commence pour elle un enfer de souffrance et de mort, où sa vie est chaque instant menacée. Commence également la découverte de la superbe solidarité qui lie entre elles les damnées : dans la suie des baraques naissent en effet des amitiés inébranlables, comme celles que noue Geneviève avec Germaine Tillion, Anise Postel-Vinay, Jacqueline d’Alincourt.
En octobre 1944, Geneviève est placée en isolement au Bunker du camp. Cette décision prise par Himmler vise à lui garder la vie sauve : la guerre tourne mal pour l’Axe, et la nièce du chef de la France libre pourrait s’avérer être une bonne monnaie d’échange…
Libérée en avril 1945, Geneviève retrouve son père, consul général en Suisse, et, très vite, son oncle Charles. Une relation intime et bouleversante se développe entre eux. Le Général découvre par sa nièce la réalité inimaginable des camps. En 1946, Charles de Gaulle sera le témoin du mariage de Geneviève avec Bernard Anthonioz, jeune éditeur d’art qui a lui aussi résisté au nazisme.
Les années d’après-guerre sont celles de la renaissance, du bonheur, pour la jeune femme qui met au monde quatre enfants. Malgré ses activités de mère de famille, Geneviève reste une femme engagée : elle est présente aux côtés des anciennes déportées dans le cadre de l’ADIR (Association des déportées et internées de la résistance) ; elle suit attentivement les procès des criminels nazis en Allemagne ; elle participe de très près à l’essor du RPF, le mouvement politique lancé par son oncle Charles en 1947 ; elle apporte son aide à Germaine Tillion pour un règlement pacifique et humain de la guerre d’Algérie.
1958 marque un important tournant dans la vie de Geneviève. Tandis que son oncle Charles revient au pouvoir, elle entre avec son mari Bernard, très proche d’André Malraux, au ministère des Affaires culturelles, nouvellement créé. Simultanément, elle est nommée présidente de l’ADIR.
Mais très vite, une urgence d’un autre ordre l’amène à quitter ses fonctions auprès de Malraux : la visite qu’elle fait, fin 1958, au bidonville de Noisy-le-Grand sur l’incitation du Père Wresinski, qui s’occupe des 1 200 miséreux, la bouleverse. Elle voit à juste titre dans la mise à l’écart de ce peuple une forme moderne de négation de la dignité humaine, moins violente sans doute qu’à Ravensbrück, mais tout aussi radicale.
Dès lors, elle prend le parti de lutter pour que la société reconnaisse ces familles jetées à la marge de tout. Ce combat pour la dignité, elle le mène pendant quarante ans, comme alliée du mouvement ATD-quart monde fondé par le Père Wresinski, puis, à partir de 1964, comme présidente de cette association. Son nom de famille, son passé de déportée, sa pugnacité, lui ouvrent les portes du sommet de l’État.
A la mort de Wresinski, en 1988, elle reprend logiquement le flambeau : nommée à la demande de Jacques Chirac au Conseil économique et social en remplacement du prêtre, elle se bat pendant dix années pour l’adoption d’une loi d’orientation contre la grande pauvreté. Reporté en 1997 pour cause de dissolution de l’Assemblée nationale, le vote est obtenu en 1988. Dans l’article 1 du texte législatif, est rappelé le droit fondamental de chacun à avoir un toit, une couverture sociale, une éducation, bref, un dignité.
Au terme de ces nombreux combats, Geneviève est la première femme à être décorée de la Grand Croix de la Légion d’Honneur. A l’âge de 77 ans, elle entreprend de livrer par écrit ses souvenirs les plus marquants. Il en sort deux livres inoubliables, La Traversée de la nuit, qui est le récit simple et terrible de son expérience concentrationnaire, et Le Chemin de l’espérance, narration de sa lutte contre l’exclusion.
L’espérance, Geneviève l’a incarnée toute sa vie. Elle l’a apportée à ceux qui l’avaient perdue. Lorsqu’elle meurt le 14 février 2002, le grand public découvre au fil d’articles laudateurs cette femme discrète que la gloire rebutait mais qui, à l’image de son oncle Charles, s'est battue sans relâche pour défendre la seule chose qui vaille : l’Homme.
Geneviève de Gaulle est née le 25 octobre 1920. Elle est la fille aînée de Germaine Gourdon et Xavier de Gaulle, lui-même frère aîné de Charles de Gaulle. Petite fille curieuse et intelligente, elle est élevée dans une famille catholique animée de valeurs humanistes et, à ce titre, très tôt opposée au nazisme. Sa petite enfance s’écoule dans la Sarre, où son père est ingénieur des Mines.
La jeune vie sans histoire de Geneviève est successivement brisée par deux drames : la mort de sa mère en 1925 puis celle de sa petite sœur en 1938. Pour surmonter sa douleur, Geneviève développe une force de caractère hors du commun.
C’est cette force qui l’incite à se dresser dès le 17 juin 1940 contre la défaite de la France, la collaboration et l’Occupation. Résistante de la première heure, en total accord avec son oncle Charles, elle multiplie les actions de renseignement et d’information, notamment au sein du réseau « Défense de la France ».
Arrêtée le 20 juillet 1943 lors d’un coup de filet, malmenée par les collaborateurs puis emprisonnée à Fresnes, Geneviève est déportée au camp de Ravensbrück le 2 février 1944. Commence pour elle un enfer de souffrance et de mort, où sa vie est chaque instant menacée. Commence également la découverte de la superbe solidarité qui lie entre elles les damnées : dans la suie des baraques naissent en effet des amitiés inébranlables, comme celles que noue Geneviève avec Germaine Tillion, Anise Postel-Vinay, Jacqueline d’Alincourt.
En octobre 1944, Geneviève est placée en isolement au Bunker du camp. Cette décision prise par Himmler vise à lui garder la vie sauve : la guerre tourne mal pour l’Axe, et la nièce du chef de la France libre pourrait s’avérer être une bonne monnaie d’échange…
Libérée en avril 1945, Geneviève retrouve son père, consul général en Suisse, et, très vite, son oncle Charles. Une relation intime et bouleversante se développe entre eux. Le Général découvre par sa nièce la réalité inimaginable des camps. En 1946, Charles de Gaulle sera le témoin du mariage de Geneviève avec Bernard Anthonioz, jeune éditeur d’art qui a lui aussi résisté au nazisme.
Les années d’après-guerre sont celles de la renaissance, du bonheur, pour la jeune femme qui met au monde quatre enfants. Malgré ses activités de mère de famille, Geneviève reste une femme engagée : elle est présente aux côtés des anciennes déportées dans le cadre de l’ADIR (Association des déportées et internées de la résistance) ; elle suit attentivement les procès des criminels nazis en Allemagne ; elle participe de très près à l’essor du RPF, le mouvement politique lancé par son oncle Charles en 1947 ; elle apporte son aide à Germaine Tillion pour un règlement pacifique et humain de la guerre d’Algérie.
1958 marque un important tournant dans la vie de Geneviève. Tandis que son oncle Charles revient au pouvoir, elle entre avec son mari Bernard, très proche d’André Malraux, au ministère des Affaires culturelles, nouvellement créé. Simultanément, elle est nommée présidente de l’ADIR.
Mais très vite, une urgence d’un autre ordre l’amène à quitter ses fonctions auprès de Malraux : la visite qu’elle fait, fin 1958, au bidonville de Noisy-le-Grand sur l’incitation du Père Wresinski, qui s’occupe des 1 200 miséreux, la bouleverse. Elle voit à juste titre dans la mise à l’écart de ce peuple une forme moderne de négation de la dignité humaine, moins violente sans doute qu’à Ravensbrück, mais tout aussi radicale.
Dès lors, elle prend le parti de lutter pour que la société reconnaisse ces familles jetées à la marge de tout. Ce combat pour la dignité, elle le mène pendant quarante ans, comme alliée du mouvement ATD-quart monde fondé par le Père Wresinski, puis, à partir de 1964, comme présidente de cette association. Son nom de famille, son passé de déportée, sa pugnacité, lui ouvrent les portes du sommet de l’État.
A la mort de Wresinski, en 1988, elle reprend logiquement le flambeau : nommée à la demande de Jacques Chirac au Conseil économique et social en remplacement du prêtre, elle se bat pendant dix années pour l’adoption d’une loi d’orientation contre la grande pauvreté. Reporté en 1997 pour cause de dissolution de l’Assemblée nationale, le vote est obtenu en 1988. Dans l’article 1 du texte législatif, est rappelé le droit fondamental de chacun à avoir un toit, une couverture sociale, une éducation, bref, un dignité.
Au terme de ces nombreux combats, Geneviève est la première femme à être décorée de la Grand Croix de la Légion d’Honneur. A l’âge de 77 ans, elle entreprend de livrer par écrit ses souvenirs les plus marquants. Il en sort deux livres inoubliables, La Traversée de la nuit, qui est le récit simple et terrible de son expérience concentrationnaire, et Le Chemin de l’espérance, narration de sa lutte contre l’exclusion.
L’espérance, Geneviève l’a incarnée toute sa vie. Elle l’a apportée à ceux qui l’avaient perdue. Lorsqu’elle meurt le 14 février 2002, le grand public découvre au fil d’articles laudateurs cette femme discrète que la gloire rebutait mais qui, à l’image de son oncle Charles, s'est battue sans relâche pour défendre la seule chose qui vaille : l’Homme.
Source : site
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